LA DANSE DES MASQUES
Une fois par an, dans certaines régions du pays, on "fait sortir" les masques,c' est l' occasion d' ouvrir le grand livre d'histoire, celui des traditions et de la culture ancestrale, deux valeurs phare, auxquelles personne ne souhaite renoncer, à quel titre d' ailleurs le feraient ils ?
Histoire à faire peur, mais si attrayante, devenus adultes, les enfants racontent, nous livrant ainsi de précieux moments de leur enfance.
Nous aimions aller à la danse et particulièrement la danse des masques.Tout en les aimant, nous les redoutions, car certains, nous poursuivaient ou nous effrayaient, simplement par leur accoutrement.
C' était des masques de manifestations publiques, et non ceux des sectes occultes, qui n' étaient visibles que par les adeptes et les initiés. Il y avait le masque des Baoulés, beau, agile dans son costume de raphia, danseur de talent, il nous poursuivait avec une agilité de gazelle.
En règle générale, les enfants adorent et redoutent à la fois, ce qui leur fait peur, l' onde de frayeur qui parcourt leur corps en ces occasions, en devient délicieuse, c' est le jeu du" cou-cou, fais moi peur!!!".
L' élégant échassier des Yacouba, qui dansait avec une grâce féminine et se déplaçait à pas de géant, le terrifiant masque des Guéné, qui semblait souffrir, sous le poids de ses ôripeaux, et beaucoup d' autres encore, sympathiques ou lugubres, constituaient la grande galerie, qui nous terrifiait et en même temps nous subjuguait. Nous étions les victimes consentantes de cette séduction.
Nous tremblions de peur devant ces séances qui nous semblaient diaboliques, ou les chants et les roulements du tam- tam, accusaient l' atmosphère incantatoire. Le plus étonnant, c' est que nous ne pouvions nous en aller de ces lieux, qui, cependant nous terrifiaient.
Nous surveillions les moindres gestes des masques et dès qu' ils se hasardaient de notre coté, nous détalions.
Nous courrions parfois des dizaines de mètres avant de nous apercevoir que personne ne nous poursuivait.
Essoufflés, nous revenions prendre place parmi les spectateurs, prêts à fuir encore.
Ces journées agitées, ne se terminaient pas toujours gaiement.Nous rentrions parfois à la maison avec une plaie saignante ou une bosse, ou encore avec les vêtements en loques. La peur " Frisson de plaisir" avait un prix.
Mais si nous aimions être effrayés par les masques, faire peur, nous passionnait également. Les enfants des autres groupes et les grandes personnes étaient nos victimes.Faire peur à une grande personne, nous tentait énormément.
SOUVENIRS PLAISIRS ET FRAYEURS D' ENFANTS!!