LE SOIR, AU VILLAGE

Publié le par Michèle Demain

                               Venez partager une belle soirée, dans la chaleur déclinante du jour, quand elle se fond dans celle plus douce de la nuit, quand le soleil se prépare à laisser la place à son amie, la lune et à la magie du ciel étoilé, ainsi qu' aux vertiges de la nuit africaine.

                                       Le soleil d' un rouge flamboyant, tel une braise, décline à l' horizon.Les chauve- souris ( pas si chauves que cela, d' ailleurs) volent d' arbre en arbre, tombant parfois sur le toit des cases, ou s' accrochant au passage dans les cheveux, arrachant un cri aux enfants, lesquels les chassent, avec bonheur au lance- pierres. Dans les arbres monte une mélodie, un peu rauque, le chant des "oiseaux de  nuit". De faibles lumières écrasent les cases, le tout contribuant à créer une ambiance feutrée, propice à la rêverie.
                                 RETOUR  AU  VILLAGE
                                               En file indienne, les jeunes gens arrivent sur leur vélos, chargés de fagots de bois ou de tiges de mil. Des sentiers, s' élèvent les rires des vendeuses qui rentrent du marché. Des femmes et des jeunes filles parées de pagnes aux couleurs chatoyantes, coiffées de foulards bariolés, reviennent du puits, portant sur la tête, leur lourd, mais combien précieux fardeau, leurs "canaris", plein à ras bord d' eau.
                                                 Tous les habitants du village sont rentrés, il n' est pas une âme qui manque pour apporter la convivialité à cette soirée.
          L' EAU, TOUJOURS  ET  ENCORE


Ils s' occupent aux derniers travaux de la journée, les garçons font rentrer les volailles dans les poulaillers, s' en suit la cacophonie des caquètements, les animaux  vont rejoindre l' enclos fermé par une vieille tôle, maintenue par un tronc d' arbre, portail de fortune, certes, mais dont l' efficacité n' est plus à mettre en doute. Les hommes fendent le bois à grands coups de hache. Les jeunes filles s' occupent de la propreté des cases et du nettoyage des marmites et des plats. Dans les cours, les femmes s' affairent à la préparation des repas: les unes écrasent le mil, à la meule, les autres allument le feu avec des tiges de mil.
           QUELQUES  BRINDILLES



Chacun s' acquittant, sans mot dire des tâches qui lui sont dévolues.
                                   Pendant ce temps, les gamins s' invitent d' une" concession " à l' autre pour organiser des jeux, le partage récréatif demeurant avant tout un moment privilégié, les plus jeunes se jettent du sable ou se vautrent dans la poussière, les plus âgés, assis en cercle, se racontent des histoires, la plupart du temps, celles de leurs rêves, et aussi quelquefois, certaines pour faire peur aux plus petits, tous attendent avec impatience l' appel de leurs mères pour le repas. Parfois, les tout- petits, confiants, s' endorment par terre, à côté de leurs aînés.
            EN  CUISINE, MADAME !!!
Les vieilles femmes chiquent tranquillement le tabac devant les cases.Les femmes se promènent avec leurs lampes de poches, à cause de la grande obscurité, qui a, maintenant pris possession du village. L' oncle Noraogo, allongé dans un fauteuil plus que rustique, menaçant de s' aplatir au moindre mouvement, remplit sa pipe de tabac et tire quelques bouffées, parfois, il élève la voix pour demander qu' on lui apporte une calebasse de dolo.
                                      Assis autour du feu, les vieux parlent de la disette des années passées, pensant à la menace d' une mauvaise saison des pluies, ou bien, discutent des problèmes du village afin de tenter d' y remédier, convaincus, qu' en fait, il n' y a pas de problème, il n' y a que des solutions, ils les cherchent ensemble.
                                       Le repas prêt, une femme arrive et s' agenouille respectueusement devant eux et les invite à venir prendre leur repas. A ce moment là, seuls les beuglements incongrus des vaches, mêlés aux aboiements des chiens, viennent troubler la douceur du soir, il se dégage de ces moments, un bien- être, presque palpable et surtout offert et partagé par tous, toutes générations confondues.
                                              Quelquefois, après le repas et ce sera le cas ce soir, j' aurai ce plaisir, au clair de lune, les tam- tams crépitent, invitant les jeunes filles, qui n' attendent que cela d' ailleurs, à la danse.

               CA, BIEN  SUR, CE  N' EST PAS  AU  VILLAGE !!!
                              Elles arrivent en groupes, chantant et claquant des mains, un pagne noué autour de la taille et un petit fichu, tout petit, cachant leurs seins, elles sautent, elles trépignent, dansent avec souplesse et grâce, le roulement du tambour les soulevant du sol, avec une grande aisance, dont elles se rendent volontiers complices.
                                  La foule applaudit à grands cris et la danse endiablée enflamme le village tout entier. Chacun, au cours de ces moments de liesse, oublie la fatigue de la journée, les chagrins et les souffrances de toute une vie: DEMAIN  SERA  UN  AUTRE  JOUR !!!!
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P
C'est plein de joie dans ces réunions de village. J'adorais aussi en N-Calédonie !!
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