ORAGES AFRICAINS, TERREUR ET FASCINATION
Les orages africains ont à la fois quelquechose de terrifiant, mais aussi de fascinant, spectateurs impuissants, nous y sommes soumis, bon gré, mal gré.
CIEUX TOURMENTESPeu à peu, le ciel devient gris cendré, puis couleur de latérite. Le vent tombe.Il fait soudain très lourd, la sensation de " manquer d' air" se fait sentir. De tous côtés, les mouches, comme prises d' une frénésie d' agitation, se mettent à bourdonner, un à un, les oiseaux se taisent, l' orage naissant leur a " cloué le bec" , même les charognards disparaissent.
COLERE DU CIEL
De gros nuages blanchâtres surgissent de derrière les collines, de plus en plus noirs, comme du charbon au fur et à mesure qu' ils avancent, enchevêtrés les uns dans les autres, dessinant des silhouettes improbables, ( chacun y voit ce qu' il veut), se pressant, se bousculant, ils galopent à la manière de boeufs fuyant un feu de brousse. Des éclairs zèbrent le ciel, suivis par des grondements de tonnerre. Marmites et nattes sont rentrées à la hâte.
Plus rien ne bouge, comme paralysé, les nuages obstruent le ciel, qui semble trainer par terre, ne dessinant même plus l' horizon. Enfin un grand vent chaud se lève, venu, on ne sait d' ou. Il souffle, rebelle et indomptable, il rebrousse les herbes, tord douloureusement les branches, déchirent les feuilles, balaie le sol, emporte sa poussière rouge,passe, fuit, s' affaiblit, mais tenace, le voici qui revient, la pluie est là, le vent apporte la bonne odeur des terres mouillées. Les roulements de tonnerre se succèdent, accélèrant le tempo, ils se rapprochent et la pluie délivrent ses premières gouttes, fines, espacées,légères, les gouttes crépitent sur la brousse sèche. L' air se rafraîchit sensiblement, le vent augmente, c' est la tornade et de bénéfique et salutaire, la pluie devient menace meurtrière. Elle casse les branches, arrache les toitures et les emporte. Et la pluie tombe, torrentielle, l'orage réclamant son lot de victimes, en de telles circonstances. Cases qui s' écroulent, arbres arrachés, malheur aux passants, les minces filets d' eau, qui serpentaient péniblement dans le lit des ruisseaux, gonflent jusqu' à devenir des torrents impétueux, enportant tout sur leur passage, hommes, femmes, enfants et animaux qui n' ont pas su quitter les bas- fonds assez vite.
Mais le plus fascinant demeure incontestablement les orages nocturnes, le vent enfle, le ciel s' embrase, déchiré par les éclairs, en pareilles conditions, la nuit devient une" nuit de lumière," ces moments là sont à la fois envoûtants et terrifiants, les mots pour en parler, sont générés par le ressenti de chacun des témoins de l' évènement, devant ce déchaînement de la nature, et spectateur impuissant, on se sent tout petit, il n' y a rien dans le prétendu génie de l' homme qui puisse arrêter la " machine orage", elle avance inexorablement.
Les grondements de tonnerre, prennent dans la nuit, une dimension géante, hors de tout contrôle. Le roulement s' infiltre en nous, remontant de la plante des pieds, jusqu' à la racine des cheveux, onde puissante qui s' installe insidieusement au plus profond de nos corps, frissons de terreur ou frissons de plaisir. Avoir peur, c' est sensé, mais se priver de ce spectacle, que Dame Nature nous offre, dans son soudain délire,sera plus tard ressenti, comme un manque, d' autres auront vu et entendu !!!!! Ne dormez pas ces nuits-là, ouvrez grand vos yeux et vos oreilles, le plus beau spectacle " SONS ET LUMIERES" vous est gracieusement offert sur écran géant.