UNE POUPEE QUI DIT : SI, SI, ET SI

Publié le par Michèle Demain

                               Si vous arrivez jusqu' à mon village, vous aurez peut être la chance de croiser au détour d' une case, un regard, des yeux qui lui mangent le visage, ceux d' une petite fille, dont la détermination, fait "Leçon". Cette jolie poupée dit, envers et contre tous, SI, SI, SI et SI.
                                 Vivant ou plutôt survivant dans une cour, ou la ration quotidienne demeure un rêve, sa grand mère très âgée, sans ressources et trop dévorée par le poids des ans mal vécus, ne peut en aucun cas prétendre à la pratique d' aucun " petit commerce", leur survie ne dépend que de la générosité des voisins, de famille, même au sens large du terme, à l' africaine, il ne subsiste ni rien, ni personne.

                               Alors l' école, ça n' est même pas dans le vocabulaire de ces deux là, mais c' est installé depuis longtemps dans la tête de cette petite, dans le petit cion dévolu aux rêves, cette enfant, qui poussée par sa détermination sans faille, aura tout tenté pour y accéder.

CA  PEUT  ETRE  GRAVE, MAIS  POUR  ELLE, PLUS DUR
                                    ENCORE !!!
                                          Le jour de la rentrée est venu, vous auriez pu croiser sur le " goudron" des groupes de fillettes, joliment nattées et parées de leur plus belle tenue et parmi elles, une petite Cendrillon, portant un tee- shirt, en lambeaux, aux pieds, de vieilles tongs,ici on dit " tapettes", dont la semelle n' est plus qu' un souvenir.
                                      Tenant dans une main, une vieille ardoise toute ébréchée et dans l' autre, un morceau de chiffon et un bout de craie, elle se fait discrète et suit la petite troupe, arrivée dans la cour de l' école, elle se blottit derrière un arbre pour échapper aux quolibets des autres demoiselles, si joliment parées et si cruelles à l' occasion.

                                          TRISTE  REFUGE
                                  Quand la cloche retentit, c' est la bousculade vers la classe,malgré la présence de l' enseignante, qui tente, tant bien que mal, de gérer ses troupes, notre petite réussit à se faufiler parmi les autres, et va tout droit au fond de la classe ou elle s' accroupit, se faisant toute petite, derrière la dernière rangée de table- bancs, et là, elle ouvre tout grand, ses oreilles, retenant sa respiration, oui, mais voilà, à un moment, l' ardoise lui échappe, le bruit attire l' attention de la maitresse qui arrive précipitamment et découvre notre "clandestine", on entendrait voler une mouche. Cette enfant n' est pas inscrite, donc sa présence dans la classe est illégitime, on la sort sans ménagement, et pour s' assurer qu' elle est bien sortie du décor même la cour lui est interdite.

              CEUX  LA, PEUVENT  LIRE, ECRIRE  ET  AUSSI  RIRE
                                        Elle essuie ses larmes et serrent les dents, mais ne capitule pas, le lendemain, encore plus petite et plus discrète, elle est là, et se trouve une cachette plus sure, c' est donc coincée entre l' armoire et le mur, qu' elle commence sa deuxième journée, la journée se passe, sans qu' elle ne soit trahie.
                                        Son rêve s' est réalisé, elle va à l' école, mais le troisième jour, elle a moins de chance, elle est jetée dehors avec perte et fracas.

                TRES  NOMBREUX  A  POSTULER !!!
                                   Il s' est naturellement trouvé quelqu' un pour rapporter l' incident, nous avons su et du coup ,l' incident, est devenu "EVENEMENT",au moins dans la vie de cette petite Aminata. Pas un instant, il ne nous est venu à l' esprit de  faire la sourde oreille, ni de fermer les yeux.

                     MAMAN  DE  SUBSTITUTION
                                         Désormais, elle " fréquente", selon le terme en usage, elle est inscrite, elle a reçu cartable et fournitures, quelques tenues, une voisine et amie, a tressé et dompté ses cheveux, jusqu' alors plutôt rebelles, et c' est maintenant dignement et fièrement, que chaque matin, elle prend le chemin de l' école, elle a pu prendre place en se serrant un peu, sur une table- banc
                                            Elle avait dit : SI, nous avons dit OUI, pour notre plus grande joie et son plus grand bonheur, il nous faudra, maintenant être non pas derrière, mais à coté pour éviter qu' elle ne tombe et que le rêve ne tourne au cauchemar;
COURAGE  PETITE  POUPEE, TOI  QUI  SAIT, COMBIEN L' ECOLE  PEUT CHANGER  UNE  VIE D' ENFANT ET VOUS TOUS QUI RECHIGNEZ A SORTIR DU LIT,LE MATIN, PENSEZ  UN  PEU  A  CETTE  PETITE  QUI  A  DU  LUTTER  DE  TOUTES  SES FORCES  POUR  GAGNER  SA  PLACE   SUR  UN  BANC  D' ECOLE !!!!!
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Voila bien longtemps que je n'étais venue lire tes belle histoires, celle ci est est belle car elle finit bien grâce à des gens comme toi, c'est vrai qu'on ne réalise pas la dureté de la vie de tous ces petits anges.<br /> Bonne semaine
Répondre
P
et dire que certains viennent de brûler du frics sur l'autel d'un capitalisme inhumain !!
Répondre