VIES PERDUES, VIES RETROUVEES

Publié le par Michèle Demain

                         Certains évènements bouleversent des vies, jusqu' à les détruire, pour les reconstruire selon des règles nouvelles, quelquefois celles du coeur tout simplement, voici pour vous, un écrit, récit générateur d' émotions profondes, qui peuvent faire " froid dans le dos", et qui malmènent nos certitudes établies.

            PETITE  MAMAN
                          Le décor, un village de brousse perdu au fond de nulle part, où la vie de chacun semble réglée et définitivement tracée, " écrite", enfants, femmes et vieux vivent en harmonie, selon des règles immuables, que personne ne songe, ne serait ce qu' un instant à remettre en question.

                            AU  MARCHE
                     Le lieu de vie, l' âme du village reste comme dans chaque village africain, le marché, lien social, lieu de rencontres et d' échanges. Une rencontre, celle de Wendyam et d' Amadou, âgés respectivement de 14 et 16 ans; Ils y ont connu les premiers émois de l' adolescence, chaque jour de marché, consolidait leur relation, et ce que l' on pouvait " craindre" ou " espérer", arriva, Wendyam se retrouve " en grossesse", personne dans la cour, n' en a prononcé le mot, et c' est toute seule, qu' elle est allée au bout de cette grande aventure : " donner  la vie".

                   TRESOR
                     Cependant, certaines femmes dans la cour ont commencé à manifester leur réprobation, jusqu' à la chasser et quand les premières douleurs, prémices de la vie à venir,commencèrent, Wendyam, n' eut d' autres choix que de fuir en brousse, cacher sa honte, pour mettre son enfant au monde, les douleurs la paniquaient, mais jusqu' au bout, elle repoussa sa peur et sa souffrance, et après un long cri, elle recueillit une petite boule de vie, qu' elle enveloppa avec douceur, dans son pagne.

              PREMIER  BAISER
                      Une minuscule petite fille venait de voir le jour, encore toute meurtrie par cette épreuve, notre jeune maman, entreprit, dès qu' elle eut récupéré un peu de forces, de regagner la cour familiale, son arrivée ne déclencha pas la joie,pas  même celle en principe liée  à la venue d' une nouvelle vie, à chérir et à protéger, agressives, les vieilles femmes, profitant de ce que les hommes étaient allés cultiver, arrachèrent le bébé des bras de sa trop jeune maman et prirent la petite piste qui traversait la place du village, pour s' éloigner en brousse, où elles comptaient bien laver l' honneur de la cour, en laissant la petite, en pâture à tous les dangers, au creux d' un buisson d' épineux.

                       Malgré ses pleurs, Wendyam fut conduite loin, très loin et abandonnée au bord de la piste, avec un peu d' eau et qelques fruits sauvages, elle essaya, mais en vain de retrouver le petit chemin, qui la ramènerait jusqu' à sa petite fille qu' elle avait à peine eu le temps de voir, elle se retrouva dans un minuscule village inconnu, où elle fut recueillie,et soignée, sans rien livrer de son secret, craignant le rejet de ses bienfaiteurs, elle se rétablit doucement et reprit quelques forces.

                    EN  REVE
                                Sa maman, Amina ne put rester insensible à la détresse de sa fille, qui bien qu' ayant jeté la honte sur la cour, demeurait envers et contre tout, la chair de sa chair, elle entreprit donc, en cachette, de repartir chercher la petite fille, implorant les esprits bienveillants de lui avoir laissé, au moins, un petit souffle de vie, avec la complicité de certaines femmes de la cour, avec lesquelles, elle avait des liens plus forts, elle y installa le bébé, sur un misérable pagne, dont personne ne ferait cas de la disparition, nourrir la petite, n' était pas un problème, puisqu' il n' y a jamais de " nourrices sèches"  dans une cour, chacune des femmes offrant généreusement son sein, aux enfants de l' une ou de l' autre au moment où la faim fait crier le ventre des petits.
            AMOUR  OFFERT
Les hommes, peut être pour se dérober ou se libérer du problème, ne posèrent, dans un premier temps, aucune question, jusqu' au jour ou, nul ne sait pourquoi, le père de Wendyam, répudia sa femme, sans doute pour " son inconduite", et la renvoya dans la cour de sa famille, ou on l' accueillit à bras ouverts et sans aucune question.

                        LE  REFUGE
                   Pendant ce temps, Wendyam, avec l' aide de ceux qui l' avaient accueillie dans sa détresse, revint au village, elle sut ce qui était arrivé, malgré le chagrin qu' elle éprouva à cet instant précis, le mauvais sort qui avait été réservé à sa maman, elle ne put malgré tout s' empêcher de penser à cette petite vie si fragile, qu' elle avait tenue, un trop bref instant tout contre elle, elle reprit, le visage trempé de larmes, si longtemps contenues, la piste, en direction du village maternel  , fatiguée, mais mue par l' espoir, elle arriva jusqu' à la cour des " vieux", elle se fit toute petite pour observer ce qui s' y passait, dans un murmure, elle prononça: " maman" et l' infamie de cette grossesse qui avait tout bouleversé, s' effaça, et elles se retrouvèrent serrées l' une contre l' autre, émerveillées par ces retrouvailles et cette complicité qu' elles n' avaient jamais partagée avant ce jour.
                       UN  JOUR  PEUT  ETRE
                               Le soir à la veillée, à l' heure où le soleil offre un peu de répit, sous le ciel étoilé de la nuit africaine, baigné de la pâle lueur de la lune d' argent, toute la cour manifesta sa joie, les femmes poussant des youyous stridents et les hommes faisant chanter le roulement des djembés.
                                     Le lendemain, la vie reprit son cours, égayée par le babillage de la nouvelle " petite princesse" à laquelle, on avait enfin donné le droit à la vie, chacun se remit au travail, qui, cultivant, qui pratiquant les petits commerces d' arachides ou de savons au beurre de karité, ce fut au final, une belle histoire de femmes qui s' étaient retrouvées, mais surtout partageaient un trésor, celui d' une " PETITE  VIE, A  AIMER  ET  A  PROTEGER
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B
Quelle tristesse et le mot est faible, un petit être abandonnée et une jeune maman éperdue de chagrin, c'est affreux mais l'histoire se termine bien pour ces deux êtres.<br /> Je vous embrasse
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